mardi, avril 25, 2006

Dire la vérité à ceux qui ne la méritent pas

Dire la vérité à ceux qui ne la méritent pas,
à leurs risques et périls ...
Cela passe par le centre de toutes choses
pour atteindre la périphérie de ce qui reste,
à moins que ce ne soit le contraire.


L'équilibre vient de là,
de tout et de son contraire.
Insaisissable, créé pour ne pas durer,
pour ne pas avoir de sens.

Dire la vérité à ceux qui ne la méritent pas,
à leurs risques et périls ...
Cela passe par mentir à ceux qui le veulent bien,
Pour les assommer de vérités sans nom,
à moins que ce ne soit le contraire.

Mentir, se sentir belle,
Dire la vérité et en souffrir,
Le choix est vite fait, alors
Gare à vous !

Dire la vérité à ceux qui ne la méritent pas,
à leurs risques et périls ...
Cela passe par mentir à ceux qui le veulent bien,
Pour les assommer de vérités sans nom,
à moins que ce ne soit le contraire.

Mentir, se sentir belle,
Dire la vérité et en souffrir,
Le choix est vite fait, alors
Gare à vous !

Donne moi un mur

Donne moi un mur pour que j’y efface ce que tu t’apprêtes à y écrire.
Donne moi un instant pour que je retrouve le plaisir de faire semblant,
C’est troublant mais aujourd’hui n’est décidemment pas le bon jour pour me faire confiance.


Je suis là bien sûr, tu ne te trompes pas, c’est bien moi qui te rejoins avant que tu ne t’endormes. Mais que reste t’il de ce « moi » là ? Est-ce bien celui dont tu te souviens ? Celui que tu as maudit, honnit soit il ?

Le geste le plus étrange au monde devient celui qui t’était le plus familier. Le moment où je franchis la porte, celui où tu reprends enfin le fil de tes questions - réponses. Aucune certitude, je suis définitivement un homme mouvant.

Si quelque chose a changé entre toi et moi,
Si un jour je reviens vraiment vers toi,
Ne t’attends pas à parler à un vieux à un tendre fantôme,
Prépare toi plutôt à vivre dans une parenthèse mouvante,
A Jamais ouverte et qui ne se refermera pourtant jamais.

Donne moi un mur pour que je m’y fracasse dessus.
Donne moi un mur pour que j’y efface tes sentiments,
C’est troublant mais aujourd’hui est le dernier jour où je m’adresserais la parole.

Comment s'écrit le mot "fin" ?

LUI :

Elle avait dit qu'elle me rappellerait
ce soir vers onze heures.
"Tâche d'être à l'heure", qu'elle m'a dit.
J'étais là bien avant l'heure,
l'air faussement détaché
de celui qui ne veut plus y croire,
pas d'échec, pas encore.

Elle a fini par appeler aujourd'hui.
Sans explications. Pas besoin en fait.
Et moi, sans voix ou presque,
juste pour lui dire.
"ce n'est pas la peine de rappeler".

Pourquoi elle ?
Pourquoi ce coup de fil ?
Pourquoi se sentir fautif ?
Comment s'écrit le mot "fin" ?

ELLE :

Lui, il me plaît depuis si longtemps,
celui là c'est le bon, je le sais,
pas vraiment beau mais parfois craquant.
Vaniteux et prétentieux
adorable lorsqu'il le veut,
adorable lorsqu'il le peut.
C'est pour ça que je ne l'appelle pas ce soir,
pour voir s'il tient à moi,
vraiment à moi et rien qu'à moi.

Pourquoi ce coup de fil ?
Pourquoi penser à lui ?
Pourquoi se sentir fautive ?
Comment s'écrit le mot "fin" ?

LUI :

Aujourd'hui j'ai baissé les bras
Je suis parti de chez moi sans rien
Je suis parti à la gare St Charles
Le premier train c'était le mien
pas la peine de savoir où il va.

Comment s'écrit le mot "fin" ?

ELLE :

Comment s'écrit le mot "fin" ?
Comment te dire "à demain" ?
Alors que je sais qu'il n'en est rien.

Dans sa langue à lui,
Il n’y a pas de fin,
S'il est parti, s'il a fuit,
c'est qu'il n'en saura jamais rien.

Une autre journée avec Stanley White

Une autre journée avec Stanley White

En face du Champo, j’attends Tom. Autour de moi tout craque, j’ai l’impression que d’un instant à l’autre une crevasse va fendre la façade du cinéma qui passe aujourd’hui La fureur de Vivre et le dernier Tim Burton. Je ne me sens pas bien du tout, c’est sans doute du à la nuit de merde que je viens de passer. Pourtant j’étais hier chez mon amie Jeanne, une soirée entière à parler de tout et de rien, de dédramatiser la vie endiablée de nos amis respectifs, lorsque un peu de distance devient une question de survie, histoire de se dire que nous, nous n’étions pas fous … Alors pourquoi, cette nuit de merde qui a suivi ? Une nuit blanche, non une nuit affreusement noire en fait, retour des pires moments futiles de ma vie, j’essaye de ne penser à rien, je tâche de visualiser un beau sablier mais c’est peine perdue, sans cesse les mêmes images s’imposent. Les Grands Absents reviennent faire un tour et me saluer, je ne leur en demandais pourtant pas tant. Et toutes les fois où j’aurais du dire « oui » et où je me surpris à dire « non », la fois où j’ai pris la voiture complètement bourré au dessus des Gorges de la Loire et où la tentation a presque été la plus forte, puis Siam, cette ado des temps passés qui a été la première a me dire « non », et puis les nuits à l’hôpital, et puis le reste, interminable, à croire que ma vie n’a été faite que de ça, d’ affronts répétés à mon vœu de bonheur immédiat. Tout se paye et cette nuit là, j’ai remboursé les intérêts qui traînaient … il faut croire que je n’avais que ça à faire … D’où ma fatigue d’aujourd’hui, et le sentiment que je marche droit vers une nouvelle faille qui va tout remettre en question ou peut être pas … J’attends Tom. Je suis un peu en avance alors je m’assois à une terrasse et je regarde le petit monde universitaire en ébullition, comme à la parade qui passe devant moi et qui salue parfois obligeamment, les profs lunatiques, leur cours empressée, les autistes et moi … spectateur privilégié, ne pensant absolument à rien.

En face du Champo. Le temps passe plutôt agréablement. Pour une fois, j’étais sacrément en avance et puis Tom se fait un peu attendre. Deux ans déjà depuis cette fameuse projection qui avait bien failli mal tourner. Tom était il présent ce soir là ? Sans doute, vu son goût pour la provoc. Alors qu’est ce qui me fait courir ? Tout ce temps passé à ne rien faire et j’en suis où ? J’ai l’impression que je suis parti pour une belle journée de remises en question à la con … Même pas de fric pour passer à Jussieu pour acheter des disques, me concentrer uniquement sur la perle rare que je ne cherche pas mais que je finis presque toujours par trouver, un single poussiéreux de Neil Young ou une édition bon marché du dernier Ozark Henry, exactement comme ce jour à Brighton où j’ai trouvé avec Joris le 45 t de Song to the Siren de This Mortal Coil …

Bref, j’attends, toujours, j’ai besoin de ma dose d’inattendu mais rien ne vient aujourd’hui … Il faudrait quand même que je pense un jour à démonter le mécanisme de ce désir absurde. Qu’est ce qui me fait courir ? L’inattendu ? Le plaisir de plaire ? Sorry, question oisive … je préfère ne pas savoir quel genre de type je suis … Ce que je n’attends pas, c’est ça … une jeune fille, encore une fille, putains de vaches à lait, une fossette, un tout petit sourire, une jeune fille donc, en face , qui poireaute comme moi devant le Champo, l’inattendu, une italienne qui me demande où sont les toilettes en anglais et à qui je réponds dans un italien de cuisine, un éclat de rire arraché, c’est donc ça ?

Hier la mère de Léandre m’a reporté ce que son fils a dit du haut de ses 4 ans : « Je me souviens de Stan mais je vais bientôt l’oublier ». Ne t’inquiète pas mon Léandre, moi je ne vais pas t’oublier et, qui sait, dans quelques semaines tu viendras peut être hanter mes nuits de merde ….

mercredi, avril 12, 2006

Un jour

Un jour,
un jour comme aujourd'hui,
on croit que ça y est.
La fin du cauchemar que l'on s'est imposé,
celui que l'on n'a pas choisi,
contre lequel on est bien démuni,
contre lequel aucun saint,
ne pourra jamais lutter .

Mais il faut bien que tôt ou tard,
je me rende à l'évidence,
comme dans un station de gare
d'une ville un peu lointaine
mais pas assez pour prétexter
que je ne connais pas le chemin qui y va.

Un jour comme aujourd'hui,
je n'ai personne au bout du fil,
personne dans les rues de ma petite ville,
que je puisse saluer en toute quiétude,
avec l'espoir secret que ce regard
en dit bien plus qu'il ne veut bien l'avouer.

Alors, bienvenue à l'évidence,
je me plie à ta cadence,
j'accepte ton obligeance,
je casse, je pleurs, je dors
et j'attends la nuit qui ne viendra pas.

La chambre bleue

J'aimerais me tromper et croire que revenir dans cette pièce est une erreur. Sentir clairement que le goût d'inachevé dans ma bouche n'a pas de sens et ne doit pas en avoir, à vrai dire. J'aimerais me tromper mais je crois que j'ai raison.

A plus d'un titre, d'ailleurs.

Ce soir, je me retrouve seul dans cette pièce chérie, choyée et abandonnée malgré tout.

Le lieu est le même, je dirais à première vue que rien n'a changé. Evidemment, c'est un voeu en vain, donné en pâture à l'ironie d'un moment qui n'en finit pas de finir. La fenêtre donne toujours sur une cour intérieure. Sur les murs on devine la place qu'occupaient les meubles, ici les disques, là bas le piano. La poussière me parle comme le poids de l'inertie qui s'est transformé en dynamique de l'oubli, comme la voix d'un chanteur qui se serait volontairement voilée pour toujours. La pièce n'a pas changé mais elle renvoie à tout ce qui a changé, bien sûr.

Ainsi, elle veut m'oublier. Elle ne veut plus rien savoir de moi. Et pourtant.

Toujours le même rêve

Quoiqu’il fasse, ses rêves commençaient toujours de la même façon. Il tournait la tête à gauche puis à droite, le cherchant des yeux et bien sûr ne le trouvant pas. Peu importait l’endroit, que ce soit un grand pré aussi symétriquement carré qu’affreusement vert, que ce soit dans une rue en pente d’une ville de la banlieue de Barcelone qui n’existe surtout pas. Toujours le même rêve. Un jour tranchant l’œil diurne, une autre fois glissant doucement contre du satin glacé. Toujours le même rêve, le même mot qui ne se prononce pas à autre voix, qui n’a pas la consistance de l’irrémédiable.

Il n’y a plus d’autre rêve possible que celui qui crie de tous ses poumons l’horreur et l’incompréhension d’être encore là quand bien même, avant, on n’était pas vraiment là, se préparant sans doute à cette longue suite de rêves jumellaires. Pas d’autres rêves en réserve. Pas d’autres réserves ou de jardins secrets de libre lorsque l’on sait à l’avance quelle va être la teneur du rêve qui vient juste après.

Alors il faudra bien un jour que cela cesse. Que tout reprenne son cours, que l’ordre des rêves réussisse à nouveau à le berner, ne serait ce qu’un tout petit peu. Je crains pour lui, je crains de ne le voir un jour, bien réveillé tourner la gauche puis à droite, cherchant des yeux une personne qu’il sait pourtant morte depuis longtemps.

Et quand bien même c’est censé être la vérité, ce ne peut pas être le cas. Cela n’a pas de sens.

lundi, avril 10, 2006

Strangers when we meet

Elle, une autre peut être, pas celle à qui on pense dans un premier temps mais pas une autre parmi tant d’autres.

Elle. En fait, ce que j’aimerais lui dire avant tout c’est que je ne sais plus qui elle est. Je croyais bien pourtant avoir une petite idée de qui elle était il y a trois ans. Mais aujourd’hui, il est arrivé ce qui était censé se passer et ce qu’elle est devenue aujourd’hui, je n’en sais foutre rien. J’aimerais l’attirer dans un coin, au calme, laisser tomber la guerre que nous nous faisons, laisser choir mes armes et lui parler, tout simplement, lui dire la vérité, lui demander qui elle est véritablement, la prier de m’expliquer ce qui est en train de m’arriver.

Elle. Des années passées à se côtoyer, à partager, me semble t’il, l’essentiel et le futile le plus innommable. Mais là aujourd’hui, que dire ? Qui est donc cette personne dont j’empoisonne la vie ? Ces dernières semaines, nous avons décidé de ne nous revoir que de façon épisodique, une à deux fois par semaine, dans la rue parfois même au café et à chaque fois c’est la même révélation : à qui appartient ce sourire que je sais si bien provoquer, ces larmes que je récolte presque sans m’en rendre compte ?

Elle. De qui pourtant je connais le nom de la peluche fétiche de son enfance, dont je sais trop bien le goût fantasque du mime ; elle, dont je devine presque le nom de certains de ses nouveaux amants. Elle, encore, dont je ne me rappelle pas le nom du parfum favori mais dont je me souviens le regard presque apeuré la première fois où je lui tenu la main. Et quand bien même, tous ces souvenirs supposés lui appartenir autant qu’à moi ne me sont d’aucune aide à l’heure de la reconnaître lorsque je la croise dans la rue.

Elle. Cette parfaite étrangère dont je suis à nouveau amoureux.

Elle. Qui me renvoie dos au mur, qui étouffe mon envie d’être simplement heureux. Elle dont je me demande ce qu’elle veut réellement, en finir avec une absence qui la pourrit sur place ? Se sentir désirée par un homme qu’elle aurait battu à plate couture ? Se venger de moi tout en me faisant croire le contraire ? Je ne sais pas.

Elle que je connais pas et qui m’attire de plus en plus et ceci en dépit du bon sens.
Elle, cette parfaite étrangère dont je suis à nouveau amoureux.

Image de l'extase

Un visage censé représenter l’extase, censé inspirer le plaisir le plus pur et un visage qui m’effraye pourtant.

Des yeux qui dans un premier temps laissent à penser que le désir est bien cette loi à laquelle nous ne pouvons que prêter serment, à défaut de trouver mieux sans doute mais en regardant ce doux visage de Sainte corrompue, nos doutes s’égarent et s’évaporent pour laisser place à notre allégeance au Royaume des Corps …

Un visage censé représenter l’extase, censé inspirer le plaisir le plus pur et un visage qui m’effraye pourtant.

Des yeux, je laisse glisser un regard torve que je soupçonne être le mien sur des seins que je n’oserais regarder dans d’autres situations mais aujourd’hui, j’ai tous les droits et je pense en jouir comme il se doit. Déjà moi aussi, je ferme doucement les yeux sur l’image que je viens de voler dans l’instant de l’extase, fermer les yeux pour ne plus rien voir, bien sûr, mais aussi ne plus rien ressentir, pour mettre un son au mot qui se profile dans cette union avec cette femme.

Un son me rappelle à ma tâche : un halètement très discret, presque étouffé comme s’il n’était pas le bienvenu, un peu à la manière d’une confession arrachée du bout des lèvres. Pour moi cela ne veut plus dire qu’une chose : redouble d’effort avant que tout ne revienne à la normalité, avant que tout ne s’efface et que je me retrouve à nouveau seul face à cette tendre photo.

Un visage censé représenter l’extase, censé inspiré le plaisir le plus pur et un visage qui m’effraye pourtant.

Les objets qui m’entourent se mettent à osciller eux aussi entre un trop plein de réalité et un manque absolu de consistance, pour un peu ma main traverserait sa peau diaphane sans que je ne trouve rien à redire.

J’ouvre à nouveau les yeux après les avoir fermés si fort. L’expression de son visage n’a presque pas changé. Ce visage censé ressentir le plaisir et qui pourtant m’effraye de plus en plus.