mercredi, avril 12, 2006

La chambre bleue

J'aimerais me tromper et croire que revenir dans cette pièce est une erreur. Sentir clairement que le goût d'inachevé dans ma bouche n'a pas de sens et ne doit pas en avoir, à vrai dire. J'aimerais me tromper mais je crois que j'ai raison.

A plus d'un titre, d'ailleurs.

Ce soir, je me retrouve seul dans cette pièce chérie, choyée et abandonnée malgré tout.

Le lieu est le même, je dirais à première vue que rien n'a changé. Evidemment, c'est un voeu en vain, donné en pâture à l'ironie d'un moment qui n'en finit pas de finir. La fenêtre donne toujours sur une cour intérieure. Sur les murs on devine la place qu'occupaient les meubles, ici les disques, là bas le piano. La poussière me parle comme le poids de l'inertie qui s'est transformé en dynamique de l'oubli, comme la voix d'un chanteur qui se serait volontairement voilée pour toujours. La pièce n'a pas changé mais elle renvoie à tout ce qui a changé, bien sûr.

Ainsi, elle veut m'oublier. Elle ne veut plus rien savoir de moi. Et pourtant.