dimanche, mars 05, 2006

Enfin 1

Il ne l’avait pas vraiment voulu. D’ailleurs, s’il on lui avait laissé le choix, il ne l’aurait pas fait ainsi. Mais c’était désormais chose faite. Accomplie, à ranger au bas de la liste des pertes et profits. Il l’était.

Il ne savait pas ce que cela voulait vraiment dire. Il ne savait pas non plus quoi en dire, ni quoi en faire mais il l’était.

Libre, libre, libre.

Enfin.

Avec le monde à portée de mains, avec la tendre sagesse d’un vieux saurien à qui on ne la fait pas mais qui regrette quand même la mâchoire de sa jeunesse, ne serait ce que pour ne faire qu’une bouchée de ce que cette main inconnue lui offre.

Enfin.

Avec la liberté de se laisser aller, de ne plus rien décider, de s’en remettre au destin.

Avec l’envie de n’en découdre qu’avec lui-même, l’envie d’oublier tout ce qui a été appris dans le chagrin.

Avec, pour cette fois, et cette fois seulement, le monde à portée de mains, ce monde qu’on ne connaît que trop bien. Avec la volonté, le désir et surtout le droit de ne plus croire en rien.

Enfin.

Pouvoir se laisser aller, accéder, enfin, librement à ce qui allait le ruiner avant qu’il ne soit trop tard.

Dans un monde que l’on ne connaît que trop bien, sans nulle part où aller si ce n’est au centre d’un cercle tracé à la craie sur le sol, mais il faut croire que ce n’est pas encore assez pour un homme qui osait se croire libre.

Libre aux yeux de tous,
Libre de ne plus y croire,
Libre de ne plus rien dire,
Libre de ne plus rien voir.