samedi, août 20, 2005

L’instant d’après

L’instant d’après, c’est déjà fini. Un peu comme si cela n’avait jamais eu le temps de commencer d’ailleurs.
Ma main se tend vers toi et ton ombre, apeurée sans doute, s’enfuit.
L’instant d’après, les larmes refusent encore de sortir même si je sais que tu imagines que c’était la dernière fois.
Verrais je un jour ton visage se pencher au dessus de moi pour de bon ?

Je pensais l’avoir trouvée.
Je croyais avoir appris à déceler tes mirages.
Et ces montagnes d’ironie ?

Je regrette tes cheveux, du côté droit de mon oreiller et la tendresse avec laquelle tu me mentais en m’embrassant sur la bouche.

L’instant d’après, je m’invente autre.

Je ne réponds plus à mon prénom lorsque tu m’appelles. J’efface ce que je deviens au fur et à mesure que ton amour s’atténue. Je me réfugie entre les lignes d’une lettre d’adieu, entre les instants que le hasard ne nous accordera plus désormais, qu’au compte gouttes.

Un instant, durant, l’instant d’après et la douleur perdure.

Le monde tourne mais ne se retourne plus sur notre passage. Nous ne sommes plus qu’un instant parmi tant d’autres instants, fugitifs comme le reflet de Luka Philipsen dans le parebrise d’une voiture garée devant chez toi.

Un instant durant, je me remets à croire, à transpirer pour de bon pour toi. La bouche pleine d’illusions, la langue désespérément tendue vers ta chaleur. L’envie d’en découdre, l’envers de la vie. Arracher les boutons du manteau de pluie. Sortir dehors et te retrouver, où que tu sois, avec qui que tu sois ; un instant après.

L’instant d’après, c’est toujours le même instant. Toujours la même rencontre, jour après jour. Mille fois la première fois. Mille fois ne pas te repousser et tomber avec toi dans cet instant charnel qui dure cinq ans.