samedi, août 20, 2005

9 février 1998

Le cul collé sur une chaise, les yeux vissés sur un point invisible du mur.
Je t’écris.
Le jour, je vis avec les morts, avec certains d’entre eux, tout ce qu’il y a de plus fréquentables. J’imagine peut-être un peu tout ça, je ne sais pas.
Et pourtant, j’ai l’impression que ça chuchote pas mal, là, juste derrière moi. Je rêve.
Les seins scotchés à ma princesse
je jouis de cette bassesse.
Avec l’envie d’r’mettre ça.
Pas moyen, j’suis à plat.
Je vis avec les morts à venir. C’est morbide mais c’est comme ça.
J’y suis dedans, en plein dedans.
Si on me disait que je suis un fantôme, je le croirais peut-être.
Pourtant, je vis avec toi, je ne l’oublie pas.
Je vis pour être ailleurs, la musique, un baiser au creux de mes hanches.
Je sens mon corps craquer comme une pastèque trop mûre.
C’est toi qui me fait ça ?
Le cul collé à la chaise, j’attends que ça passe; la poisse,
le désir me colle à la peau. Manque de bol, je serre les jambes,
je sens mon sexe qui gonfle. J’attends ta main pour me libérer.
On dirait que tu as mon âme
et j’apprends tous les jours ce que c’est d’avoir une âme.
J’aime internet, ça tu le sais, de la même manière que j’aime le hasard, les paroles malheureuses et tout ce que l’on fait ensuite pour se faire pardonner. Internet est une intention. Une déclaration de foi. Un ordre qui n’est possible que lorsque l’on se perd. C’est grisant. Tu comprendras maintenant pourquoi je suis interdit d’internet au boulot.

J’aime être mis à l’annexe, j’aime,
et j’ai l’impression que le vent souffle en plein dans mon visage.
Ceci est exactement le genre de missives que je t’écrirais dans la vie réelle.


la suite, bientôt. 9 février 1998. Roanne.