samedi, avril 06, 2024

Sans titre 42

 

Sans titre 42


J'aimerais être ce drap

qui recouvre le ciel endormi

comme le dernier corps qui s'étire

lorsque les oiseaux, dans la neige,

creusent jusqu'au premier instant.



J'aimerais encore être ce lit

qui se cache sous la neige

comme un oiseau qui dort

lorsque le premier drap

viendra recouvrir mon corps.


Ce que j'aimerais par dessus tout

c'est être un jour ou une nuit qui s'impose

comme une accalmie qui va de pair

avec un ami qui saurait remettre en place

cette mèche de cheveux de travers.


J'aimerais finalement

revenir au premier jour

prononcer les mots fleuris,

découvrir le sens de la caresse,

déchausser les épines, l'odeur révélée,

la rose qui se propage.


J'aimerais être ce visage

que l'on n'a jamais vraiment réussi à distiller.

dimanche, mars 10, 2024

Sans titre 27 (unloveable)

 

Sans titre 27 (unloveable)


Parlez moi des champs tout autour de vous,

de moi, de lui.

Parlez moi de la foule invisible qui mord la poussière.

C'est ce que je veux entendre,

ça et rien d'autre.


Ne me parlez pas

de ces gens qui essayent d'être seuls

alors qu'ils ne savent qu'être heureux.


Comme un brûleur qui meurt d'ennui,

je leur rends l' âme avant qu'ils ne la reprennent.


L'épaule rentrée

et déjà mon vingt et unième anniversaire

que je partage avec vous, seule.

Seule avec lui.


Seule dans cette ville qui ne s'est pas encore inventé de nom.


Seule avec lui.


Lui qui toute sa vie s'est pris pour Leonard Cohen.

Mais depuis qu'il est heureux,

pas un poème valable en huit ans,

il n'est plus digne d'être aimé ni désiré

C'est bien simple,

quand il sourit, j'ai envie de pleurer.

mercredi, février 21, 2024

Un fantastique voyage

 

Un fantastique voyage


C'est d'abord un voyage qui ne s'est jamais fait.

Il aurait fallu pour cela

franchir le pas de la porte de ma chambre,

me lever d'un lit grand comme un monde

fait à ma démesure.


C'est ensuite un train que je n'ai pas pris.

Il aurait fallu pour cela

franchir la porte de la salle des pas perdus

me lever de mon siège grand comme le royaume

qu'on ne quitte jamais.


Parce qu'on se ment à soi même,

parce que l'on veut bien croire

que bouger changera quelque chose

au cours de notre histoire personnelle.

Mais il n'en est rien.


C'est encore un rendez vous où je ne suis pas allé

Il aurait fallu pour ça

franchir le pas des convenances,

m'habiller et ressembler à tous ceux

qui pensent savoir où ils vont.


Parce qu'on se ment à soi même,

parce que l'on veut bien croire

que bouger changera quelque chose

au cours de notre histoire personnelle.

Mais il n'en est rien.


C'est un fantastique voyage que n'arrêtera jamais aucune larme.

dimanche, février 18, 2024

Sans titre 8

 

La femme qu'il avait désiré toute sa vie

était à présent tout à côté de lui.


Comme la fumée qui frappe l'esprit,

il retient une nouvelle fois son souffle

et ravale ses sanglots.


Il se dit:

«Je ne peux pas être allé aussi loin pour rien.»


Comme une goutte de pluie qui se retient de tomber,

j'assiste à un drôle de combats,

deux visages qui se mordent cruellement

avec pour seul témoin

un trait de lumière sous la porte.


Deux chansons qui se chevauchent

jusqu'à ce que je déraisonne.

On a trop vécu une seule vie

qu'on ne pouvait partager.

Voilà ce que l'on gagne

à ne pas s'aimer.

mardi, février 13, 2024

Sans titre 24

 

Tu flottes comme un danger immuable,

une éclaircie qui me commande,

une illusion qui se demande

comment s'achève la beauté.


On dit que tu veux me tuer

pour que je puisse enfin changer de nom

être celui à qui on a fait miroiter

un destin incommensurable.


Tu parles encore comme cette alliée,

cette femme qui a raison de tout,

qui se détourne de tous.

Et pourtant, après tous ces combats,

comment ne pas se sentir renié?


Il t'en a fallu du temps ...

pour avouer que tu ignorais tout

que mon nom ne changerait jamais

qu'il était effacé avant même que ses lettres ne soient tracées.



Finalement,

tu m'as appris la mort

comme on apprend une langue maternelle,

les lèvres accrochées à ton sein

le lait vert, que je connais si bien,

n'a plus le même goût

et c'est toute ma vie qui débute enfin


Maintenant, il est temps,

je n'ai plus qu'un mot à dire.


samedi, janvier 20, 2024

S'il existe

 



S'il existe,

c'est pour m'empêcher de respirer.

S'il respire,

c'est pour m'empêcher d'exister.

S'il entre dans ma vie comme un Dieu venu du Centaure

c'est parce qu'il a besoin d'une femme

comme moi, aveugle à ses propres besoins.


S'il m'a voulue

c'est parce que je n'étais rien.

S'il m'a vaincue

c'est pour effacer ce qui était mien.

S'il entre dans ma vie comme un Dieu venu du Centaure

c'est parce qu'il a besoin d'une femme

comme moi, libre de se perdre au loin.


S'il existe

c'est parce que l'Amour fait Loi

et que ce n'est que dans la contrainte

que je peux éprouver les limites du réel.

Laisser glisser ma peau au sol,

faire fi des artifices,

et enfin savoir qui je suis.


S'il existe,

c'est pour m'empêcher de tricher.

S'il triche,

c'est pour m'empêcher de resquiller.

S'il entre dans ma vie comme un Dieu venu du Centaure

c'est parce qu'il a besoin d'une femme

comme moi, prête à vivre un peu moins.


S'il existe

c'est parce que l'Amour fait Loi

et que ce n'est que dans la contrainte

que je peux éprouver les limites du réel.

Laisser glisser ma peau au sol,

faire fi des artifices,

et enfin savoir qui je suis.


mardi, janvier 02, 2024

Sans titre 36

 

Parfois il ne reste plus qu'une chose à dire.

Mais je ne m'y résous pas.

Je ne veux pas de fin.

Autour de moi le signal de ma phrase muette balaye la nuit,

comme une joie qui ne se décide pas à retomber.


Il faudrait que je dise stop, fini, adieu.

Mais je sors de la pièce

et nous en sommes là encore aujourd'hui.


La pluie fait un drôle de bruit tout autour des bateaux

j'ouvre presque la bouche

mais il n'est pas encore temps.

Je sais que sous l'asphalte se cache encore beaucoup d'eau.


Le bruit d'un grillon me rappelle à l'ordre,

j'attends encore un instant,

c'est presque le moment,

regarde, on dirait une fusée qui croise le ciel.


Je ne comprends pas,

tu me dis que tu m'aimes encore.