mercredi, avril 12, 2006

Toujours le même rêve

Quoiqu’il fasse, ses rêves commençaient toujours de la même façon. Il tournait la tête à gauche puis à droite, le cherchant des yeux et bien sûr ne le trouvant pas. Peu importait l’endroit, que ce soit un grand pré aussi symétriquement carré qu’affreusement vert, que ce soit dans une rue en pente d’une ville de la banlieue de Barcelone qui n’existe surtout pas. Toujours le même rêve. Un jour tranchant l’œil diurne, une autre fois glissant doucement contre du satin glacé. Toujours le même rêve, le même mot qui ne se prononce pas à autre voix, qui n’a pas la consistance de l’irrémédiable.

Il n’y a plus d’autre rêve possible que celui qui crie de tous ses poumons l’horreur et l’incompréhension d’être encore là quand bien même, avant, on n’était pas vraiment là, se préparant sans doute à cette longue suite de rêves jumellaires. Pas d’autres rêves en réserve. Pas d’autres réserves ou de jardins secrets de libre lorsque l’on sait à l’avance quelle va être la teneur du rêve qui vient juste après.

Alors il faudra bien un jour que cela cesse. Que tout reprenne son cours, que l’ordre des rêves réussisse à nouveau à le berner, ne serait ce qu’un tout petit peu. Je crains pour lui, je crains de ne le voir un jour, bien réveillé tourner la gauche puis à droite, cherchant des yeux une personne qu’il sait pourtant morte depuis longtemps.

Et quand bien même c’est censé être la vérité, ce ne peut pas être le cas. Cela n’a pas de sens.