mercredi, mai 12, 2010

Une autre fois

Une autre fois (le jour des morts)

Une autre fois. Prendre de la vitesse sur le reflet qui se forme lentement sur le miroir. Être plus rapide que la volonté ambigüe, être agile, surtout aux entournures, buter contre les angles ronds, scier à la base les formes carrées. Croire en la géométrie du hasard.

Avoir faim : sacré, soldé, sucré, salé. Avaler, ne pas recracher. Mourir, une autre fois.

Le jour des cendres, célébrer les formes du passé, vider l’urne de sa poussière et s’en revêtir comme certains s’apprêtent à sortir le soir. Le squelette de l’apparat, les os de demain. N’être que cendres soi même, convoquer les mânes du passé, voilà ; ils sont là car il n’a rien à leur dire. Une autre fois l’absence se suffit à elle-même.

Puis se réveiller : est-il trop tard ?

Pas sûr non plus que ce soit le bon jour, y a-t-il seulement un 13 accolé à la date d’aujourd’hui ?

Puis, frapper à la porte tout en sachant que personne n’ouvrira. Ne pas se préoccuper de l’heure qu’il est. Faire du raffut dans le couloir puis tambouriner à la porte. Voire même l’enfoncer si cela est nécessaire et enfin se rendre compte que l’on est chez soi, dans le salon dans lequel, parfois, rien ni personne ne rentre. Vivre, une autre fois.

Entre le ciel et la terre

Entre le ciel et la terre, c’est aussi une façon de ne pas choisir. De s’approprier ce qui ne nous appartient pas.

Entre tous les choix qui s’offraient à nous, nous avons décidé de ne pas choisir, d’attendre que quelqu’un décide à notre place. Il s’en est fallu de peu pour que cela marche, pour que le hasard soit le témoin avantageux de cette peur de décider.

Aujourd’hui, les jeux sont faits.

Je vis seul sur une île tropicale. Je pense que je ne rentrerai jamais complètement de cet endroit. Pourquoi ? Parce que j’y existe à peine. Le poids de mes actes influent si peu que je me surprends à me demander s’il y a eu un avant et s’il y aura un après, tout comme si j’avais toujours été dans cet « entre-deux », dans un temps et un lieu auxquels j’accorde si peu d’importance qu’on peut se dire que, non, je ne suis pas vraiment là.

Après tout, la seule chose qui compte vraiment c’est de sortir au dehors, prendre le soleil, saluer les gens qui passent sur la route en contrebas. La seule chose qui compte vraiment est cette chose qui ne se produira jamais.