mardi, mai 31, 2005

Maldoror ?

Cette fois ci, il avait refusé de se donner un nom. Il ne savait pas pourquoi.
La dernière fois c'était Maldoror et encore il n'en était pas totalement
sûr.

Cette fois ci, personne ne lui avait donné de nom, personne ne l'avait
encore désigné lui entre tous. Cette absence de nom lui convenait
parfaitement, pour l'instant. Il ne voyait pas de mal à être une chose et
son contraire, le bourreau et le poète, le voyeur et la queue du pendu.
Ignoble, irrascible, menteur et hypocrite.

C'est une bonne chose comme un afreux fardeau que d'avoir le choix, pense t'il.
Être mauvais et à ce point là, ça ne s'improvise pas.

A ses pied, la laisse enroulée autour de sa main calleuse, se tient Horreur, la chienne la plus abjecte qui soit. Elle a enfin trouvé son Maître, ou plutôt retrouvé. Il est revenu.


Dans sa tête, des cris d'enfants à qui on arrache les yeux,
Dans sa bouche, seul le goût de l'irrémédiable pour le satisfaire.

Ces cris, ces adorables cris d'enfants, il aurait tant voulu les provoquer lui même.

Encore des cris dans sa tête, à longueur de journées il en rêve. Des images abstraites, collages de douleurs étrangères. Parfois, des voix indistinctes qui se font pourtant pressantes. Illusions.

Là où tout est sens, et là où tout tombe sous son regard, Il veut être. Celui qui
n'est pas là et que l'on craint déjà. Il veux tous vous éventrer pour voir la tête que vous ferez.

Un désir trouble et pesant, obéir, ne pas réfléchir. Agir. Prendre ce qui n'est pas
à lui, surtout ce qui n'est pas lui, ce qui n'a pas de prix, ce qui est caché, ce qui est innocent, ce qui n'a pas de nom. Tout prendre, pour rien, pour tout, se repaître et vomir.

Prendre ses voix d'anges, y découvrir l'animal qui agonise, le cri de l'animal que
l'on dépèce alors qu'il est encore vivant. L'animal dont on arrache la peau et qui
ne peut pas imaginer à quel point ce spectacle est beau.

Encore et toujours des cris dans sa tête, des cris qu'il appelle désormais de toutes ses forces, des cris comme des notes magistrales. Symphonie de la douleur. Cette fois ci, cependant, des cris qu'il croit reconnaître.

Il n'a pas besoin de savoir ce qui est bien ou mal. Il l'est , tout simplement.

Dans sa tête, une volonté inflexible qui a bien du mal à se taire. Comme l'enfant malicieux qui devient un jour odieux en arrachant les délicates ailes d'une libélulle, npuis la tête avant de forcer sa petite soeur à tout avaler. Le bambin, l'adorable bambin qui fait plaisir à voir, qui ne fait rien de mal, à qui on pardonne tout tant sourire est innocent mais qui n'en pense pas moins et qui attend son heure.

Horreur est contente, satisfaite et rassurée. Tellement de temps à se tenir cachée, un siècle presque à agir sans discernement.


Aujourd'hui, pour la première fois depuis si longtemps, tout reste à défaire.

samedi, mai 28, 2005

Une étoile, un carré vivant

Une étoile, un carré vivant
de l'étoile au carré, du néant au vivant
et au milieu,
un être qui fait semblant,

Qui aspire à vivre ce moment,
tout simplement,
aussi identique à la trahison,
aussi loin de l'original
qu'un "oui" peut l'être d'un autre "oui".

D'un pont à l'autre,
une étoile qui s'étiole,
un carré qui se casse,
rien d'autre qu'un être
qui aspire à faire semblant,
à faire semblant d'être vivant.