samedi, avril 17, 2021

il faut écrire pour les gens qui ne sont pas là

 

Il faut écrire pour les gens qui ne sont pas là.


A savoir,

l'homme qui sentait fort le café chaud et le charbon froid.

La dame qui te gardait les mercredis après midi.

La maîtresse qui est venue te voir à la clinique,

l'ami qui t'apprenait à te jouer de tout sauf des chaussures trouées,

l'homme, son béret, le tabac froid, son vieux solex,

les amis de tes parents, les cendriers pleins sur la table basse,

les bouteilles qui s'entrechoquent et les rires qui te manquent.


J'aimerais me rappeler que j'ai été là avec eux,

que les photos ont eu un jour l'illusion de la vérité,


J'aimerais aujourd'hui que

ces gens qui ne sont pas là écrivent pour moi

que tout ce dont je me souviens n'a pas été inventé.



lundi, avril 05, 2021

un portrait

 

Un portrait

comme une rivière qui se redécouvre la force d'un torrent.


C'est comme ça que je t'imagine

pas comme tu es vraiment.

Ça, ça ne m'intéresse pas.

Pas plus que ton nom,

ton adresse ou ton âge.


A force de l'oublier,

je commence à m'en souvenir très bien.


Un nom qui résonne.

Et bien d'autres mots et quelques sons

qui,

bien que,

fragmentaires,

n'ont jamais cessé de jouer avec moi.


Comme cette flèche qui frappe,

sans cesse,

le reflet de l'eau,

au même endroit,

de peur de toucher une vraie cible.


Une flèche contre toute eau

qui réfléchit autre chose

que ce que je lui demande.


De la montagne à la mer

du souvenir à notre rencontre,

tout devient si malléable

comme ton visage que je reconnais enfin.