mardi, juillet 04, 2006

Make a Saint From This Girl

J'ai fait de mon mieux
mais je n'ai pas pu.
J'ai rassemblé toutes mes forces
mais c'était en vain.
Elle était plus forte que je ne pensais
Elle cachait en elle une volonté inavouée.
Il a plu hier sur la place du marché
les passants me regardaient divaguer,
parler à haute voix et m'excuser,
mais c'était en vain,
Elle était plus forte que je ne pensais
Elle cachait en elle une volonté inavouée.
J'ai tenté de faire de cette fille une sainte,
une image pieuse inavouable,
une icône au goût de sel et de souffre.
J'ai tenté de faire de cette fille une sainte,
mais c'était en vain,
J'y ai perdu toute trace de sainteté.

lundi, juillet 03, 2006

Algeria Touchshriek 1

Je sais bien que cela n'a rien à voir avec votre enquête mais je voudrais vous faire part de quelque chose avant de rentrer dans le vif du sujet, et qui sait ?, cela vous aidera peut être à comprendre à qui vous avez à faire. Depuis quelque temps je connais un homme qui est mort et qui pourtant fait semblant d’être vivant. Je ne l’ai pas remarqué tout de suite car il est plutôt doué dans son domaine. Peut être que vous aussi vous le connaissez sans savoir pour autant son secret. Il semble vif, malin peut être même charmeur et pourtant il est bel et bien mort. C’est un grand acteur, soyez en convaincu. Pratiquement tout le monde se laisse berner et ce n'est que très récemment que j'ai percé son secret.
Mais il fait semblant … car sa vie n’est qu’un immense simulacre, une divine supercherie. Il imite les autres, peut être vous aussi d'ailleurs, et ainsi il espère sans doute réchauffer son âme. Mais à quoi bon ? Car, aujourd’hui que lui reste t’il ? Qu’a-t-il exactement gagné dans cette attitude ?
Mais je m'égare et vous ne comprennez sans doute pas à quoi je veux en venir. Hier soir, en rentrant chez moi après avoir raccompagné Mr Walloff Domburg, qui compte bien reprendre mon modeste commerce, je suis tombé sur cet étrange personnage à un croisement de rue. A vrai dire, je l’ai vu d’assez loin. Son attitude n’avait pourtant pas grand-chose d’anormale car il était immobile sous un lampadaire, sans bouger, une cigarette aux lèvres. Rien d’anormal certes, mais il y avait quelque chose qui clochait. Dès que j’ai reconnu ses traits, la somme de ses gestes passés m’est revenue à la mémoire. Un type du quartier, sans histoire, pas de nom particulier à mettre sur cette allure, même pas un prénom sur ce visage, une foule de détails que je n'avais pas pris le temps d'analyser. Je suis bien placé pour savoir que ça ne colle pas. A quelques pas désormais de cet homme, je me suis rendu compte que sa cigarette n’était pas allumée et que son regard s’absorbait dans la contemplation du bitume devant lui. Je n'ai pas résisté et sans me rendre compte de ce que je faisais vraiment, je me suis arrêté à sa hauteur et j'ai lentement tourné de la main son visage dans ma direction. Il s'est docilement laissé faire sans émettre de plainte. J'ai alors plongé dans ses yeux.
Je le savais.
Sans trop tarder, il s'est mis en mouvement, comme une boule de billard lente et paresseuse. Je l'ai regardé s’éloigner sans réagir, sonné par ce que je venais de voir dans ses yeux bleus . Comment un homme dans cet état là peut il un jour se remettre à marcher ? Quel est le sens de cette attitude ? Quel est le sens de ce choix ? Tant de choses que je connais parfaitement. Il ne ressemble plus à rien. Informe et sans doute haïssable, lâche même avec un peu de chance. A sa place, je n’oserais pas sortir de chez moi …
Lorsqu’il est passé près de moi, vraiment près de moi, je n’ai pas été surpris de constater de voir qu’il me ressemblait.
Au fait, je m’appelle Algeria Touchshriek, je suis mort et je fais moi aussi semblant d’être vivant.


d'après une chanson de David Bowie.