vendredi, juin 23, 2006

Mary Ann - 4 -

Je finis par arriver à l’Élysée Montmartre, je fonce sans prêter une remarque débile d’un des videurs sur mon retard mais il a raison, ce con, il n’y a strictement personne dans les escaliers, la première partie doit être finie depuis belle lurette et je vais arriver pour la première fois de ma vie en retard à un concert auquel je tenais vraiment. La soirée s’annonce mal sauf si je décide qu’il en sera autrement, et c’est bien ce que je vais faire. A moi de jouer, de reprendre le contrôle de ce doux automate qui répond au nom de Mary Ann, la tendre et douce jeune fille qui ne saurait souffrir que la chance ne lui sourie pas un peu ce soir. Le set des Dandy Warhols est bel et bien commencé. Je reste quelques instants au fond de la salle pour jauger l’ambiance du public et de la qualité du son car les Dandy sont coutumiers des concerts bâclés avec un son pourri qui ferait passer un set des My Bloody Valentine pour de la musique de chambre, ou un set de l’Academy of Ancient Music de Sir Christopher Hogwood si vous préférez. Je me rends compte que je crève de soif et décide volontiers que mon retard disproportionné peut tolérer un rapide passage au bar de la salle. Autour de moi une faune tout ce qu’il y a de parisienne, qui boit, le dos ostensiblement tourné au concert, et qui discute âprement de futures infidélités et d’autres sujets tous aussi passionnants. Je le sais bien car cette faune là, j’en fais partie et pas vraiment à mon corps défendant, d’ailleurs, mais ce n’est pas le moment de parler de ça. A ma gauche deux journalistes d’un illustre canard rock généraliste, je les connais assez bien en fait, l’un d’eux m’a même fait des propositions indécentes pas plus tard que samedi dernier dans un bar de la rue de Lappe où il a ses habitudes et où je ne vais jamais, cela m’apprendra. Quant à l’autre, c’est une toute autre histoire. J’ai couché avec lui il y a un an et des poussières, fascinée que j’étais par ce que je considérais sa plume avant de me rendre compte qu’il était littéralement boursouflé de préjugés minables et qu’il n’avait de rock’n’roll que sa propension toute naturelle à pisser systématiquement là où il ne fallait pas dans la belle salle de bains de son bel appart de son beau quartier bobo. Quelle cruche je fais parfois !!! Mais là n’est pas la question non plus, nous verrons ça une autre fois. Donc, pour des raisons diverses bien que complémentaires, les deux fines plumes font mine de m’ignorer et je m’enfile vite fait un bon vieux gin-tonic, ma boisson préférée hormis le martini rosso afin de les laisser déblatérer au plus vite au sujet de cette « vieille pute » que je ne vais pas manquer d’être dans leurs propos hautement masculins. Dans la foule, à proximité de l’autre bar de la salle, « le contraire m’eut étonnée » …, je retrouve Stanley et ses acolytes, un inévitable soiffard, deux filles que je ne connais que de vue, Tom et la cause directe de mes affres actuels. Tout le monde a l’air content de me voir, surtout cet alcoolo de Stan, ça fait toujours plaisir de savoir que l’on ne laisse pas indifférent la gente masculine même si je sais pertinemment qu’il n’y aura jamais rien entre ce grand dadais de Stan et moi. A, une autre époque, peut être, après pas mal de martinis sans doute … mais là il s’est casé comme un grand et il faut croire que, d’une certaines façons, moi aussi.

Avec un peu d’effort, Mary Ann arriva à se concentrer sur ce qui se passait sur scène car après tout elle était bien là pour écouter de la musique non, au lieu de penser à un hypothétique crétin qu’elle n’étais même pas sûre de croiser ce soir. Cela devait être la troisième ou la quatrième fois qu’elle voyait sur scène les Dandy Warhols. Elle gardait dans l’ensemble le souvenir d’un groupe rarement concerné par leurs prestations scéniques ce qui ne les empêchait pas d’être éminemment sympathiques. De toutes les fois où elle les avait vu en concert, une se détachait particulièrement dans sa mémoire. Un concert à Londres en 2002. Ce jour là, les Dandy Warhols avaient pris à contre-pied le public venu écouter leur tube du moment et avaient servi un assez long set basé sur une improvisation psychédélique que le Syd Barrett de Interstellar Overdrive n’aurait sans doute pas renié. Mary Ann avait pris ce soir là un malin plaisir à voir la mine dépitée d’un public qui manquait de goût pour la surprise. Perdue dans ses souvenirs, Mary Ann se laissa cependant peu à peu gagnée par ce que les Dandy faisaient sur scène ce soir. Le son était étonnement clair et souple, le chanteur faisait un réel effort pour chanter correctement et le guitariste, son petit chouchou du groupe quant à lui n’était pas en reste et faisait preuve d’une belle présence glam. C’est à ce moment là que Mary Ann sentit une main se poser sur son épaule. Elle se retourna, c’était lui.

dimanche, juin 04, 2006

Ici et partout ailleurs

Alors soyons clairs.

Un jour tu as pris ma main, une parmi tant d’autres. Mais, un autre jour, j'ai bien vu que tu ne savais pas quoi en faire. Alors, encore un autre jour, je l'ai lâché, la tienne, ta douce, ta tendre main. Et depuis ce jour là, je ne sais toujours pas pourquoi.

Dis moi,est ce le temps qui passe ? Est que c'est l’histoire d’un homme perdu ? Ou bien, un exemple de ce qui ne peut pas être ?


Alors soyons clairs, je n'ai plus de souvenirs, j'ai oublié le pire, ton silence, mes absences. Rien de tout cela n'a existé parce que c'est moi qui l'ai inventé.