La circonférence d'un cercle
La circonférence d'un cercle
Ce chemin, cette route que je reconnais et qui, je le sais, mène à une maison que je vais retrouver du premier coup. C'est le chemin que je me suis évertué à éviter des années durant. Le chemin qui de loin me semblait tourner en rond.
Mais avant cela, il faut s'arrêter quelques instants. C'est la peur d'être heureux, sans doute. Car il est bon parfois de relever la tête et de s'en remettre aux cours des nuages et attendre au pied d'un arbre que l'histoire prenne son véritable sens. Jusqu'à ce que quelqu'un ne vienne à notre rencontre. Un jeune homme nous ressemblant étrangement. Il vient à notre rencontre un sourire aux lèvres comme un vieil ami le ferait. Il s'arrête à quelques pas, hésitant manifestement à s’asseoir à nos côtés sous l'arbre. À la place, il reste debout et prend la parole. Il dit quelque chose comme:
«Tiens, aujourd'hui tu n'as pas ton chapeau. Étrange, avant tu ne t'en séparais jamais. Il t'allait bien ce chapeau. C'est Terry qui te l'avait donné,non? Inutile de me regarder comme ça. Ne cherche pas dans mes yeux un début d'explication. Je sais, un point c'est tout. Ça me fait quand même plaisir de te revoir. Tu sais que je m'inquiétais pour toi? Toi et ta manie de te vider l'intérieur des entrailles. Ta façon si particulière de rechercher l'art pour l'art. Je vois aujourd'hui que tu en revenu de cette voie sans issue. Tu n'avais pas le choix. Tu as bien fait. Il fallait le tuer. Pas de remords à avoir. Il est grand temps de passer à autre chose. Quoi? Tu n'es pas allé à son enterrement? Et alors? Peu importe ce que diront les gens, tu as bien fait de ne pas y aller parce que ne nous leurrons pas, où que tu ailles, il sera avec toi.» Et là dessus, il s'en va.
Je reste là encore un long moment avant de me décider à reprendre mon chemin. Je ne suis plus sûr de rien. Je ne sais pas si j'en serai capable mais il faut que je rentre chez moi. Je n'ai plus le droit de faire semblant et de prétendre que cela est arrivé à un de ces personnages que je crée sans cesse. Les heures passent, le paysage reste le même. Au loin, au bout du chemin, ça y est, je la reconnais, ma maison d'enfance. C'est à ce moment là que je me rends compte que le chemin est un cercle qui me rapproche de mon but tout en m'en éloignant au détour d'une bifurcation à laquelle je m'attendais presque. Ce n'est donc pas encore aujourd'hui le jour où j'aurai le droit de revoir les miens. Le jour où je pourrai à nouveau porter le nom que mes parents m'ont donné à ma naissance.
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