samedi, mars 10, 2007

Vie Immédiate 9 - L'artifice -

Vie immédiate 9


A vrai dire, un jour de plus qui passe, à me dire, que ce ne sont plus les autres qui ont tort mais plutôt, en vérité, ceux qui se réunissent, comme moi, là où ils ne peuvent pas être retrouvés.

« Aujourd’hui, j’en fais les frais.
Je tiens pourtant le même discours.
Je suis exactement le même parcours.
Mais je ne leur échappe pas.
Les absents sont de retour.
Et personne ne peut les ignorer. »

A dire vrai, pas de tour de passe passe pour me sortir de là. Pas d’Houdini disponible à ces heures indues. Je suis, j’ai été, je ne serai pas.

Et pourtant …

« Prêter l’oreille à tout ce qui se dit sur moi.
Rester ouvert à toutes les possibilités.
M’ériger en vague oscillante
Au dessus de ce que je veux vraiment être.
Rester aussi amoral qu’une tombe païenne.
Vivre à rebours, à double contretemps.
Louper volontairement le coche
Quitte à le retrouver plus tard
A l’angle de la rue Montcada et du Paseo del Born ».

Et pourtant …

« Abdiquer avant l’heure,
Tordre le cou à celle qui fait le tapin,
Renier ce qui a été rêvé à l’aube du monde,
A l’auge d’un mensonge éventé.
Comment peut-on, aujourd’hui encore, pardonner la Vie Immédiate ? ».

Et pourtant …


« En finir avec l’artifice, le buter définitivement comme sur un champ de bataille sans tenir compte de ses pitoyables suppliques. L’étriper lentement pour ensuite exhiber fièrement ma proie dépecée, lui arracher la tête et recouvrir mes épaules d’un collier d’entrailles dégoulinantes. Pourquoi pas après tout ? Ce ne serait qu’un juste retour des choses. »

Alors …

« Démonter le mécanisme. Fuir la fuite. Esquiver l’esquive. Recoller une bonne fois pour toutes avec le réel.

Que je ne sache pas comment m’y prendre, là n’est pas la question. L’important, ici, est d’agir, de réagir enfin. Reprendre la main dans un jeu qui me dépasse et qui ne concerne pourtant que moi et moi. »

Mais …

« Vivre à rebours, à contretemps, louper continuellement le coche pour le retrouver de toutes façons un peu plus tard qui m’attend à l’angle de la rue Montcada. »


Comment peut-on, aujourd’hui encore, pardonner la Vie Immédiate ?