lundi, novembre 13, 2006

Musique à usage personnel : Leonard Cohen Famous blue raincoat

Etait ce simplement à cause de lui ou bien alors parce qu’il me rappelait quelqu’un d’autre ?

De prime abord, je n’aurais juré de rien si ce n’est que son visage m’avait frappé. Difficile d’en dire vraiment plus. Du moins dans un premier temps car il y avait bel et bien quelque chose qui m’interpellait chez ce jeune homme. Peut être son regard qui m’évitait trop soigneusement alors que nous nous faisions face au dessus du comptoir d’un bar du vieux Barcelone.

Cela ne ressemble pas à un hasard. Je m’attarde sur ses mains. Je reconnais leur langage mensonger, je les ai déjà vu ensorceler les âmes faibles. Et puis, je finis par me souvenir d’un gitan d’un autre temps, pratiquement d’une autre vie, étrange baladin si souvent immobile, toujours là aux funérailles des hommes à femmes. Toujours là également pour parler et parler avec ses si délicates mains, parler et ne dire absolument rien ; en tous cas rien qui ne puisse se retranscrire simplement sur du papier.

Sur les marches d’un temple déjà en ruines, j’ai naguère vu ce garçon parler à un rabbin avec l’air de n’y être pour rien, comme un petit garçon pris en défaut d’idéal absolu. Je le regardais alors soulever ses lourdes paupières comme je le regarde aujourd’hui m’éviter, soulève donc tes paupières trop lourdes pour moi et rappelle moi donc ton prénom.

La dernière fois que j’ai eu de tes nouvelles, tu avais pris cent ans d’un seul coup, tu ne croyais plus en rien et surtout pas en ton destin que tu t’étais forgé de toutes pièces. Ton avenir d’imposteur délicat s’était soudain cassé la gueule, rattrapé par les remords. Foudroyé par toi-même ? Je ne saurais jamais.

Alors ? J’attends. Où est passé ton courage bravache ? Ton ironie dorée ? Que fais tu de tout ce que nous nous étions dit ? Tes promesses et mes menaces ? Mais rassures toi, je ne te parlerai pas de ma femme, de ce que tu lui as fait, de ce qu’elle n’attend plus aujourd’hui, si ce n’est les mains d’un inconnu comme toi.

Alors ? Viens mon ami, éloignons nous de cette fête, parlons encore un peu. Ne me laisse pas seul avec ce refus de regarder une dernière fois quelqu’un qui me ressemble tant.