vendredi, novembre 03, 2006

Vie Immédiate 5

Vie immédiate 5

Ce que j’attendais d’elle, je ne l’attendrai de personne d’autre. Je le sais et n’y peux pas grand-chose. C’est elle et pas une autre. Il en va ainsi des plans à la va vite, tout s’effondre sans que l’on sache pourquoi et sans que, finalement, on s’en préoccupe réellement.

Vie immédiate, à nouveau reportée aux calendes grecques, de peur de tout dire trop vite, de mal faire, de déposer les armes avant qu’il ne soit l’heure de le faire pour de bon. Peur par exemple de s’exposer au soleil, d’être sincère et de ne pas en réchapper, cette fois.

Sentiment vain mais si nécessaire, Chère Vie Immédiate, ma douce et tendre aberration, je te décommande, ne m’en veux pas, je suis trop occupé à ne rien faire. A m’investir de tous les pouvoirs nécessaires afin de ne surtout pas regarder dans ta direction. J’en ai trop vu. J’en ai trop bavé de toi, de ton immédiateté à la noix. Désolé, je ne suis décidemment pas à la hauteur, ne m’en veux pas trop, je ne peux plus me montrer à la hauteur de toutes ces choses qui ne riment à rien. On remet ça à une autre fois si tu veux bien, un autre de mes rendez vous manqués dont j’ai le secret, comme celui de samedi si tu vois ce que je veux dire.

Je ne serai cependant pas très long avant de revenir sur ce que je te confie aujourd’hui. Mais je ne suis pas prêt, pas encore. Pas envie de me parjurer sur la promesse de quelque chose que je n’ai jamais tenu en main, quelque chose que je n’ai pas hésité à remettre en question à chaque fois qu’il m’en a été donné l’occasion. Se renier pour toi, et puis quoi encore ? Laisser tomber toutes mes sempiternelles habitudes ? Pour une ébauche de sourire qui en plus se veut froid ? Pour une main prêtée sous les draps parce que je n’arrivais pas à dormir ? Pourquoi pas en fait ? Mais fais vite, Chère Vie Immédiate … Frappe vite et fort avant que l’idée de me mentir ne soit la plus forte ; à nouveau.

Tout gâcher dans un seul instant de précipitation, de spontanéité … j’ai l’impression que tu attends peut être trop de moi ou alors … je ne sais pas. Me regarder dans la glace le soir et être simplement capable de te deviner dans les rides qui me font face. Te rencontrer chaque soir au détour d’une ride qui n’était pas là la veille. Non, je ne suis pas prêt. Cela se traduit comment ? Toujours face à la glace, le matin cette fois ci, en ne reconnaissant, après un long examen minutieux, dans mes traits aucune des promesses que je me suis engagé à tenir la veille. Je me regarde et je ne vois rien que je ne connaisse pas par cœur. Pas même une lueur d’amusement dans mes yeux, pas le moindre indice qui laisserait soupçonner autre chose que ce que je sais déjà, par cœur. Tu vois ? Je me répète.

Vie immédiate, chère évidence aux yeux de certains, nébuleuse fugitive et redoutable dans le cœur de beaucoup d’autres. Comme, un poète qui croit follement à l’amour libre et qui se rend compte, en définitive, que son âme se contemple dans une immense mer de fidélité. Le poème qui en découlerait prend inévitablement ton nom, Vie Immédiate. Qui sait ce que tu nous réserves encore ?