vendredi, mai 12, 2006

Vie immédiate - 0 -

Vie immédiate, fruit absolument incolore à la limite du transparent, pas d’exquise saveur là où il devrait y en avoir, pas de couleur chatoyante à refléter dans tes yeux mûrs ; fruit incolore, pêché à moitié pardonné.

Aujourd’hui, tu te baisses enfin avec le sentiment infiniment injuste que ce n’est pas à toi de te rabaisser mais il en va ainsi, de nos jours, des gitanes, des cigarettes qui n’en finissent pas de brûler. A terre, tu hésites à ramasser ce que l’on a bien voulu te laisser, les restes d’un festin sans nom. Au dessus de toi, le ciel, les étoiles mais aussi les critiques des aigris, ceux qui n’ont rien compris à la Vie Immédiate, celle qui a été la tienne, depuis toujours ai-je envie de dire mais je n’en sais rien.

C’est ton tour ma chère, vas y, ne refuse pas le droit de sourire comme une adorable idiote, le droit de prétendre et d’être en même temps, dans un même lieu que tu aurais soigneusement choisi, à l’abri ou ailleurs.

Alors oui : bonjour Vie Immédiate, adieu Tristesse, c’est mieux que rien et bien loin d’être assez pour toi.

Les dents de scie ne te font même plus mal quant à la morgue, vue au petit jour, elle prend des airs de parc à thème mais l’invitation n’est pas pour aujourd’hui, tu le savais mais tu es venue quand même, pour voir, pour tâter le terrain sablonneux de tes mains de nécromancienne. Tu laisses faire le ciel et ça ne te réussit pas si mal ou du moins on veut bien le croire. Plus question très chère de te laisser pendre de l’arbre, inconsciente et pourtant encore en vie, plus question de te laisser couler et de te raccrocher à l’approximatif. Désolé, mon vieux Léonard, cette fille là t’a échappé. La valse est finie depuis longtemps mais rares ceux sont qui s’en sont rendu compte.

Vie immédiate, prochaine sortie l’Ampurdán, immense plaine parfaitement irrationnelle, laisse toi gagner par les cyprès toujours enclins à laisser échapper une larme sur ton passage. Ampurdán, encore vaguement tectonique, retour aux origines, d’une autre personne si cela s’avère nécessaire, peu importe, tout est joué d’avance dans cette soi disant vie immédiate.


Enfin pour mon amie Céline