vendredi, mai 12, 2006

Vie immédiate - 2 -

Vie immédiate, déboîtée, luxée à l’âme, la boîte à vitesses ne fonctionne plus mais je continue à avancer quand même, en marche arrière s’il le faut, cahin caha , irrémédiablement porté, presque dépassé par ce qui m’attend. Le vent commande. Je vis désormais à un âge où l’on ne devrait plus parler de soi là où un silence vaut bien tous les discours et pourtant je n’arrive pas à me résigner. Le coup du sort je lui tords le cou.

La vie immédiate, à d’autres.

Vie immédiate, déboîtée au dessus des hanches, enfoncée dans le creux des coudes, ouch ça fait mal ! , vie qui ne tient plus qu’à un fil qui lâchera d’ailleurs en temps voulu. Vie à remédier, à repriser à la va vite avant que les voisins n’arrivent, en avance comme toujours.

La vie immédiate, à d’autres.

Vie immédiate, vie borgne qui regarde par-dessus ton épaule, prête à tout foutre en l’air, vie immédiate en somme, aussi immédiate que possible, pas assez immédiate à ton goût, bien sûr.
Vie à patauger sur place sans savoir à quoi ça ressemble, l’immédiat.

Vie immédiate, sac d’os qui dépasse de ton cabas, bruit infernal de ce que tu ne dois surtout pas faire mais que tu ne peux pas t’empêcher d’accomplir, destin tout tracé d’une héroïne de roman russe, à la grande période du Tsar, période d’entre deux et de piano de Ludovico Einaudi.

La vie immédiate, à d’autres que moi, cela semble inévitable, longue vie à la vie, aux longs crocs acérés qui ne semblent avoir prise que sur les gitanes et les sorcières de ton espèce.

Vie immédiate à d’autres que moi, s’il vous plaît.


Toujours pour Céline