mardi, mai 09, 2006

Vie immédiate - 3 -

Vie immédiate, telle que je ne l’avais pas imaginée.
Vie immédiate qui dans mes mains n’a jamais su l’être, immédiate, mot consommé avant qu’il ne soit entièrement prononcé, vie immédiate qui fond dans la bouche comme la barbe à papa des fêtes foraines de mon enfance.

Vie immédiate, talons aiguilles en rotation dangereuse, bas nylons après lesquels je cours depuis 1988. Après et avant, jamais pendant.

Vie immédiate, encore et toujours, passée à compter ces gouttes d’eau qui débordent du même vase que as peint hier sur un tableau au cadre alambiqué, avant de l’accrocher au mur de l’atelier de ton père.

Vie immédiate, passée à vivre sous un faux nom, dans un pays imaginaire, passée à vivre de vrais rêves. Le savais tu au moins ? N’as-tu pas été un peu prompte à me juger ?

Vie immédiate, telle que tu l’avais toujours désirée, vie absolue, belle pomme à croquer, à vendre, à soupeser délicatement et à refuser en ultime instance parce que c’est l’instant qui doit primer et pas l’idée que l’on sent fait. Ça non plus tu ne dois pas le savoir.

Vie immédiate, enfin passée loin de moi, de toi, des tiens, pour en arriver là, via crucis, mater dolorosa, plaisir immédiat, extase instantanée, toutes tes douleurs enfin exaucées et après ça, tu y crois encore ?

Toujours pour Céline