mardi, novembre 07, 2006

Mary Ann en aparté

Mary Ann en aparté

Un rendez vous pris avec le bourreau, un rendez vous ô combien crucial, pourtant reporté à plus tard comme si elle en avait le choix, et pourtant, le plaisir de s’asseoir à une table de café et de regarder les autres clients attablés, les autres, pressés eux aussi de n’arriver nulle part ; pas le genre de rendez vous que l’on peut se permettre de manquer, quoique …

A croire que chacun porte en soi une malédiction si intime qu’on ne lui connaît pas de nom mais celle là, je ne la lui souhaite pas. Autant être un escargot dans ce cas. A attendre de s’accomplir dans un instant apparemment interminable, dans un ciel vide et limpide, oublier ce qui lui importe vraiment. Lorsque ces bandes de moins que rien lui avouaient qu’ils ne savaient pas l’aimer, qu’ils ne le pouvaient pas, tout simplement. La terrible horreur de la simplicité même. Blanche et aveuglante.

Depuis, elle en a oublié bien des choses. A commencer par le regard qui se pose sur son épaule savamment dénudée, « just in case » n’avouera t’elle pas. Oublier et par la même devenir ce qu’elle voulait être, pas un seul reflet pour les gens de mauvaise compagnie. Alors, on l’a vue danser, transformer son corps en une toupie de sentiments, tous plus elliptiques les uns que les autres. Se sentir admirée de tous car n’admirant personne, à force de coups de butoir désarticulés. Ignorant les prétendants d’Hélène, à deux encablures de l’immortalité.

Dans le vide délicat du blanc industriel, attendre mais pas de la même façon, se demandant si les choses viendront à elles comme cela arrive si souvent aux autres. Mais à défaut de Vie Immédiate, elle n’a connu pour l’instant que le refus de certains à l’aimer, tout simplement.
Elle devint pourtant une femme admirée, admirée par beaucoup car ne s’admirant surtout pas.
Etre choisie, désignée du doigt car l’amour ne se donne pas à un prétendant, il se donne forcément à celui que l’on sait être un bourreau. D’où la main qui se pose ce soir sur son épaule, à la fin d’un concert des Dandy Warhols.