mardi, juillet 14, 2009

Musique à usage personnel : Dying in the Vine par John Cale

Si on lui avait dit qu’il se retrouverait un jour à exercer ce genre d’activités, il ne l’aurait sans doute pas cru même s’il faut croire qu’il présentait depuis son plus jeune âge certaines dispositions : se méfier de son ombre par exemple, parler à haute voix dans un salon vide mais surtout voir au loin dans la rue la silhouette de gens qui n’étaient plus de ce monde depuis longtemps.

« I ‘ve been chasing ghosts but I don’t like it » dit la chanson, rien ne pouvait être plus vrai mais encore fallait il le vivre pour le comprendre dans sa chair, chair faite verbe, verbe plein d’absences, toutes plus omniprésentes les unes que les autres.

En somme, rien à voir avec des paroles de fiction quand bien même il s’agissait d’un texte écrit par le très respectable John Cale, la fiction new- yorkaise laisse place à une réalité bien trop proche pour qu’on puisse oser l’ignorer. Car c’est bien de cela dont il s’agit, le retour inopiné de ceux que l’on ne s’attendait plus à voir.

Certaines femmes pour commencer, des énigmes à profusion qui, jadis, avaient, semble t’il, donné un sens à sa vie alors qu’en fait il ne s’agissait que de parenthèses entre la vie qu’il s’accordait et la vie qu’il voulait vraiment mener, des avenues bordées d’arbres élancés dont on n’avait jamais fini de tracer le contour. Des points de suspension à la volée, des os donnés à ronger à une âme qui ne le savait même pas.

Mais d’autres aussi, presque des inconnus en fait, des gens qui n’avaient pas eu le temps de jouer de façon appropriée leur rôle dans sa vie à lui, des hommes et des femmes à qui il avait aujourd’hui tout le loisir d’expliquer les non dits, les si nombreux actes manqués. Des inconnus qu’il n’avait pas su, lui, sauver de l’absurde et du quotidien, des gens à qui il parlait aujourd’hui de sa fabuleuse farandole inassouvie, des mariages à boire, des mariées à séduire, des moments de recueillement qui ne menaient à rien.

Et puis surtout eux, encore et toujours eux. Les Fantômes.

1 Comments:

Anonymous Norma said...

Où est passé l'inspiration qui te guidait autrefois lorsque tu écrivais ces magnifiques interprétations de chansons de Bowie, ou même d'autre "musique à usage personnel" sur Zexprimations? J'ai l'impression en lisant tous ces textes que tu t'es asséché... et c'est bien triste.

Je ne te l'ai jamais dit, alors: adieu.

11:50 PM  

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