dimanche, juillet 12, 2009

Enfin 3

Enfin 3

Enfin à l’abri, là où le souffle du vent est si faible qu’il ne dérange même pas l’ordre de la poussière. A l’abri du trop plein d’émotions permanentes, une inconnue qui fond en larmes dans le bus à côté de lui sans qu’il ne sache pourquoi, le regard fiévreux d’un étranger qui n’ose pas demander qu’on lui explique ce qu’il ne sait pas encore. La profonde et totale humiliation d’une société qui n’a plus de rêves.

En bien des occasions, on se souvient comment naviguer à vue et éviter les pires écueils que l’on puisse imaginer, l’abondance de biens, l’affreuse responsabilité des êtres aimés et ainsi de suite. En fin de compte, on se retrouve seul, comme un Titanic qui serait resté à quai, à vie.

Tant de soirs encore à se glisser presque furtivement dans des chambres inconnues. Tant de marches à gravir sans laisser l’ombre d’une chance à ce qu’une émotion ne nous rattrape. Pas de colères noires face à l’échec prévisible, pas de peurs bleues lorsque l’on nous menaçait d’un couteau.

Nous ne sommes que de passage et la traînée qu’aurait du laisser derrière nous le sillage de notre embarcation restait obstinément muette.

Par exemple…

Il se souvient peut être de Bline mais il est trop tard pour vaciller. Enfin est un soupir qui l’absout de tous remords et qui lui permet de continuer coûte que coûte à s’écraser contre le sol sans que la douleur ne soit au rendez vous.

Beau temps pour se promener, sans doute. Il marche le long des quais et il observe les gens qui profitent d’un rayon de soleil pour jouer à être heureux. Pour lui ce soleil de mars est des plus trompeurs et sans trop savoir pourquoi, au lieu de lui réchauffer la peau, il lui glace le cœur.

S’il vous plaît, ne me parlez pas de « enfin ». Ne me parlez surtout pas de toutes ces choses qui sont claires comme de l’eau de roche, qui s’imposent d’elles mêmes pour finalement ne rien apporter.

Je crains bien qu’il n’y ait pas d’enfin pour un personnage comme lui.