dimanche, juillet 12, 2009

Elle existe

Elle existe, elle occupe de l’espace de peur de laisser du vide derrière elle.

Elle s’échappe mais ne va jamais très loin. Elle voudrait mais ne sait pas très bien quoi.

Elle attend, une minute puis deux, comme nous tous, à attendre un signe.

Elle n’oublie pas, elle a appris sa leçon par cœur. Et pourtant, si on lui demande qui elle est, elle ne sait pas.

Elle ne s’excuse pas. Elle en a marre de tout, de rien, de son contraire et de quelque chose d’autre, aussi.

Elle sort, elle parle par vagues successives, contradictoires, ses phrases se font assassines.

Elle bout à l’intérieur, elle craint d’exploser, que la soupape de sécurité s’arrête un jour de fonctionner, que l’existence finisse par prendre un sens et qu’il ne soit pas celui auquel on s’attendait.

Elle existe de peur de ne plus être. Elle occupe de l’espace de peur que le vide soit le plus fort.

Elle s’échappe dans une chambre pleine de miroirs et d’échos surprenants. Lorsqu’elle parle ce n’est pas elle qui s’entend parler.

Elle attend, ils vont venir, ils le lui ont promis mais son adresse n’est plus la même.

Elle a peur de se souvenir, elle a changé si souvent d’adresse que les lettres qui lui sont destinées n’arrivent plus nulle part. On les retrouve parfois sans trop savoir quoi en faire.

A vrai dire, si elle existe c’est sans doute parce qu’elle ne sait pas quoi faire d’autre.