dimanche, juillet 12, 2009

Le froid de l’air sur l’esprit et sur le visage de Pierre Reverdy

Le froid de l’air sur l’esprit et sur le visage de Pierre Reverdy

De cette âme matérielle et si lumineuse, on ne retiendra sans doute que l’évidence, les fruits mûrs, les étoffes soyeuses et miroyantes. A l’heure de s’en remettre à la Vérité édictée par d’autres que nous, lui se contentait d’attendre. Car tout n’était pas dit.

Il est pourtant fort possible que s’il l’avait vraiment désiré il aurait pu appréhender cette femme qui marchait d’un pas décidé devant lui, cette femme encore, blottie au fond de sa grotte, elle aussi soumise aux caprices des abysses, toute droite, tout contre le reflet qu’elle formait sur le carreau d’une fenêtre. Mais ce jour là, il ne regardait pas du tout dans sa direction à elle, il ne voyait rien. Peut être pourrait on même dire, sans risquer de paraître ridicule, qu’il ne regardait absolument rien ce soir là.

On ne regarde pas devant soi durant des heures sans ne rien voir. C’est un fait établi. Et pourtant …

Ce qui se laissait voir, c’était l’immuable qui déroulait son long manteau, traînant un peu, histoire de passer le temps, autour d’une fin d’après midi d’automne.

Il lui aurait pourtant suffi de lever la tête, de constater que le ciel était remarquablement dégagé et qu’une étoile ou deux brillaient déjà au loin. Une seule seconde aurait suffit à lui faire comprendre ce que la phrase « la musique des corps célestes » voulait dire, lui qui écoutait même Jimmy Scott à cet instant là. Peut être se serait il lui-même pris pour un paysage découvert par une éclaircie inespérée. Plus les pages se suivent moins ce genre d’évènement a de chance de se produire.

Comme la combustion spontanée d’un élément ignifuge, ce sont des cendres soudain révélées à un homme qui se tient debout, immobile, derrière les carreaux de la fenêtre de son appartement.