dimanche, juillet 12, 2009

Les choses (telles qu’elles sont)

Le type appelle.

Il ne répond pas. Surtout pas. Il n’est pas là. Parfois cela se décide ainsi. Sans prévenir, comme un invité indésirable qui arrive au pire moment. Il doit par exemple faire quelque chose. Répondre au téléphone ou encore, sortir voir quelqu’un, manger, s’habiller mais cela ne se fait pas. Il n’est pas là pour ça. Quelque chose se grippe dans l’engrenage parfaitement huilé de la cause et de la conséquence, voire même de l’ici et du maintenant. Il n’est pas là pour ce genre de choses. Sans aucune raison apparente, sans sommation ; mais avoir ne serait ce qu’une explication rationnelle qui expliquerait ces « absences » ne réglerait pas le problème, bien au contraire.

Il n’est pas là. Il est peut être avec lui-même mais de cela nous ne pouvons pas être sûrs. Peut être s’écoute-t-il enfin. Découvrant le silence et les ponctuations qui vont avec, les arabesques suspendues tout autour de lui.

Le téléphone sonne à nouveau mais le bruit de la sonnerie est bien vite recouvert par les premiers accords tonitruants du disque qu’il vient de poser sur la platine, un disque qui s’appelle Berlin, à quoi bon bouger de cette pièce si la musique est capable de nous transporter si loin ? Dans ce genre de moments, il se sent très vite comme désincarné, la première chose qui lâche c’est bien sûr les muscles, le mouvement étant devenu superflu, vraiment optatif, la tête se renverse à l’arrière. Il est parti, Dieu sait où.