dimanche, juillet 12, 2009

Musique à usage personnel : World without end de Laurie Anderson

Lorsque tout s'arrête, on n'entend plus que des notes écrites comme des points de suspension.

Lorsque tout s'arrête, on est soi même suspendu au dessus de sa propre vie ne sachant plus très bien quoi en penser.

Pourquoi hésiter ? Pourquoi ne devrais je pas sourire à ces visages qui ne sont plus là depuis longtemps ?

Parce que le mouvement dicte sa loi, parce que le mouvement devrait toujours avoir raison.

J'ai beau bégayer, je sais que quelque part j'ai raison et que ce monde sans fin ne sera pas pour moi ce soir. Ce n'est pas moi qui le dit, c'est une chanson et qui suis je pour oser la contredire ?



Il y a longtemps de cela il y aurait du y avoir un incendie, un grand feu purificateur et sans doute salvateur. Un tournant, une pierre blanche, l'occasion de se dire " ça y est, j'ai tourné la page".

Ce moment n'a évidemment jamais eu lieu. Parce qu’on est avant tout le fruit d'une union empoisonnée, chose terrible qui ne porte pas son nom et qui ne nous permet pas de le dire, un jour, à haute voix à ceux que l'on aime; aujourd'hui.

Voilà ce sentiment que souligne la musique ce soir. On s'en serait sans doute bien passé mais qui sommes nous pour commander aux sentiments ? Quel affront que celui de croire qu'à des années de distance nous sommes à l'abri de l'absence, de la perte inconcevable et de ce qui s'en suit.

On a beau savoir que la musique est traîtresse, que le poison est doucereux et en apparence apaisant, on est trompé, à nouveau. Encore un soir à se poser les questions qui précisément ne demandent aucune réponse.

Tu ne sauras jamais ce que cela fait d'être définitivement absous, tu as beau écrire et tordre ton coeur pour voir ce qu'il en sort, c'est ainsi, tu écoutes World without end de Laurie Anderson, tu écoutes cette chanson une fois et une autre et encore et tu te dis que cela ne finira jamais. Ici ou ailleurs, le même manque sans nom, les mêmes personnes qui s'enfuient en te voyant.