dimanche, juillet 12, 2009

Exposition vers l’intérieur

Exposition vers l’intérieur

Ce qui le gênait finalement le plus dans tous les livres de poésie qui lui étaient récemment tombés sous la main, c’était la drôle de résonance qu’acquéraient bien trop souvent ces ouvrages dans la vie de tous les jours. En effet, a-t-on vraiment besoin que ce soit une voix extérieure, celle d’un poète en l’occurrence, qui vienne vous dicter le cours des sentiments à suivre ? Sans aucun doute, il était gêné, bien plus qu’il ne pourrait jamais l’admettre en public mais les faits étaient là.

Que ce soit un livre oublié par une conquête maladroite d’un soir, que ce soit un recueil acheté par une inconnue suivie jusque dans une librairie ; toutes ces occasions se répétaient pour ponctuer poétiquement la vie d’un être en demeure. Face à ces débordements malvenus, il décida qu’il ne lui restait pas d’autre issue que de s’épancher vers l’intérieur, de répandre ses sentiments sur lui-même, de devenir un flamboyant poème crypté, vers l’intérieur.

Personne ne devait rien savoir et personne n’en sut jamais rien.

Et pourtant, l’écho de ses lectures le changea bel et bien faisant de lui un être encore plus abstrait que d’ordinaire.

La poésie qui coulait de source, ne nommant rien frontalement, assemblant l’hétéroclite en monument de beauté. Dans sa tête, les méandres se multiplièrent jusqu’à ce qu’un sens ne finisse par surgir de sa peur à ressentir et surtout de sa peur à s’ouvrir. Les mots lui ouvraient ainsi des portes insoupçonnées mais l’enfermant de plus en plus dans une conduite qui ne menait décidément de plus en plus vers un nulle part où le partage était impossible. Sa vie ne se limitait plus, elle se délimitait dans les rimes libres et dans les suspens lancés dans l’air.

Du sentiment à en revendre, à l’extraire un millier d’années durant mais surtout pas une seule faille dans la façade de l’imposant Rideau de Fer.