vendredi, juillet 20, 2012

Païen


Païen

Quand Dieu s'est présenté à moi, je n'ai pas eu la force de le repousser.
Je n'étais pas prêt et c'est pour cela que je ne me suis pas méfié.
J'ai accepté en moi la divine parole parce que je ne suis qu'un païen.
Un dieu de plus, un dieu de moins,
je pensais que le lendemain,
il ne resterait que moi.

Tout comme la voix de l'Ecclesiaste, je laisse entrer en moi la volonté de celui qui sait. Celui qui tient en ses mains le poids des échecs du passé et le reflet des erreurs à venir. Dans ma tête, comme un ciel d'interrogations qui se taisent une à une. Je m'agenouille à nouveau, prêt à accepter en moi le glaive de Dieu, Celui qui parle quand les larmes ne font que commencer. Je crois l'entendre à nouveau comme l'écho d'une voix dans une pièce qui jouxte la mienne, je tends l'oreille. Rien n'a changé.

«C'est d'abord ton corps que je dois briser.
Regarde bien ce que je te fais,
pauvre païen
et retiens la leçon
et va porter la Bonne Nouvelle.»

Longtemps, je me suis interrogé. Pourquoi ne parle t'il pas avec Ses croyants? Pourquoi nous a t'il abandonné Son Temple? À ces questions, il ne répond surtout pas. J'ai beau insister, il se tait et ne prend la parole que lorsque je m'y attends le moins. Voilà ce qui attend ceux qui viennent après. Ceux qui n'ont pas fait parti des premiers. Mais comment pouvais-je croire? Nous n'étions pas prêts pour lui et manifestement Il ne nous a pas pardonné.

Et pourtant je m'acharne à lui parler de moi, des malheurs que je rencontre tout autour de moi. Le mécontentement est grand dans les champs. Je lui ai parlé de Bar al Ahkba. Là aussi, il n'a rien dit ce qui n'est pas bon signe. Je luis parle aussi des prophètes qui se multiplient et qui clament que son Temps est venu, que Son Règne s'approche. Mais rien ne me laisse croire qu'Il approuve quoique ce soit. À la place il dit:

«Tout a changé,
La Loi doit être renouvellée,
l'Alliance confirmée.
Le païen doit se plier à ma volonté avant qu'il ne soit trop tard.
Rien n'a changé.»

Tout me semble avoir déjà eu lieu et sans cesse l'écho de Sa Voix résonne comme le poids d'une pierre que l'on lancerait dans un puits sans fond. Il est grand temps que je reprenne ma route. Retournez chez vous, abandonnez les vôtres, vendez vos biens et rejoignez moi avant que ma chanson ne soit finie.