vendredi, juillet 20, 2012

Musique à usage personnel: Utopia par Goldfrapp


Musique à usage personnel: Utopia par Goldfrapp


J'imagine bien souvent une longue étendue de terre de blanc vêtue. Un empire aveuglant, se refusant à se soumettre aux divers impacts de la rétine. A la violence de la couleur, on peut préférer l'absence de choix.

Car c'est ainsi que l'on naît. Sans choix. La corde déjà au cou, au cas où. On n'a pas besoin de monstre qui nous pourchasse dans les moindres recoins. Le monstre est déjà en nous. Dès le début, nous sommes le monstre que nous craignons le plus au monde.

C'est pour cette raison que nous avons besoin d'utopies, de nations toutes entières consacrées à nous délivrer de nous mêmes. Un immense monde blanc dans lequel l'ombre ne trouvera jamais d'air pour respirer.

C'est ainsi que le mystère perdure. Jour après jour, à grande peine parfois. La musique ne peut qu'aider même si elle porte en elle toutes les velléités possibles et imaginables d'en finir une bonne fois pour toutes avec cette mascarade ennuyeuse. Et le mystère qui n'en finit pas d’égrener ses longues lettres de créance comme un prestigieux ambassadeur vénitien à la cour de Philippe II, un ambassadeur, bien sûr, que personne n'écoute. On préfère sans doute écouter un peu de musique?

La musique qui parcourt les espaces impossibles. Pas un son qui ne me rappelle ce que j'étais avant. Pas une voix qui ne me force à contempler ce que je suis devenu. Et après on s'étonne à la vue de mon univers fasciste, mes slogans répétés à l'infini, les affiches de propagande qui n'ont qu'un seul but. M'effacer du paysage. Encore un peu de courage et j'y suis.