mercredi, mars 09, 2005

De loin une séparation

ressemble à un scène de film muet,
pleine de violence,
bien plus menaçante que vue de près.

Le son n'amortit plus les coups,
ne nous protège pas non plus
des mots que l'on pose
sur la bouche des étrangers.

Ici, la cruauté est surjouée,
les pleurs, des cabotins,
la gifle,
un clap de fin.

Et cela dure, cela dure, trop.
Les arbres me cachent l'essentiel
mais je devine beaucoup,
les derniers échanges hagards
mais je ne me trompe pas
si je dis que ce n'est pas fini,
et qu'eux mêmes le savent.

Elle crie, elle hurle, Il recule
mais elle ne le lâchera pas comme ça.

Quinze minutes déjà de pantomime désespérée.
Je ne vois plus que sa main à elle
ponctuant chacune de ses phrases
d'un mouvement sec et énergique,
chef d'orchestre,
d'un instrument semblable à un marteau
qui hésitait à sonner le glas.

Elle l'aime mais a décidé d'en finir avec.
Cela saute aux yeux,
même de loin,
même vu de l'autre côté du Boulevard;
le garçon vient encaisser mon café
mais je ne veux pas partir. Pas encore.

Lui, il finit par s'écrouler par terre.
Il ne tient plus debout.
Il ne se supporte plus.
Et ce n'est pas fini.
Tout.
Ses absences, sa froideur,
son silences, ses absences,
si soudaines. Et le reste.

Finalement, il se relève,
elle fait mine de l'aider puis
se ravise et s'éloigne à grands pas.

Je n'arrive pas à me décider à les quitter.
Tout spectacle a besoin d'un public,
même une séparation vue de loin.