samedi, juin 18, 2005

Le ciel au dessus de Collserola

Le ciel au dessus de Collserola affiche parfois effrontement la négation
des choses les plus simples.

Ce ciel bleu, et parfois même limpide au dessus de Collserola arrive à me faire oublier que ce que je veux c'est aimer, survivre à l'image que je me fais de moi même, me sentir libre.

S'il y a bel et bien un ciel au dessus de Collserola, pourquoi ne suis je pas en
mesure d'en voir un au dessus de ta tête ? Pourquoi est ce que le sol
sous tes pieds reste à ce point indifférent à ce qui m'arrive ?

Bien évidemment, je sais que ce ciel est chose de tous et qu'il serait
stupide de vouloir se l'approprier. Je tends pourtant la main là où elle
pourrait toucher au plaisir immatériel. En vain.

Ce ciel me nargue. Méfiez vous, vous aussi, de ce qui vous est offert
sans contrepartie annoncée. Je préfère encore savoir ce que je dois
et à qui je le dois. Générosité bien ordonnée, commence par soi même,
en somme.

"C'est ici qu'a commencé mon troisième deuil", sous le ciel de Collserola.
Alors qu'il ne restait rien à grapiller.

"C'est ici qu'a commencé mon troisième deuil", ce n'est pas moi qui dit ça mais
une jeune fille aux cheveux très noirs.

Après la vie, l'amour. Après la vie, l'amor.

Ainsi, j'ai promis, j'ai juré mais j'ai surtout oublié. De devenir fou et de ressentir au delà de la marque indiquée sur ce verre à vin là .

Rester debout alors que je devais me coucher à plat ventre, ou me cacher et surtout
ne pas défier la vague qui passe chaque jour plus près de ma tête.

Son amour était un leurre, le mien, un prétexte pour ne pas porter le brassard du deuil.

Est ce que tu te rends compte ?

J'aurais du m'arrêter de vivre le temps qu'il fallait pour ressentir à nouveau le chaud de la poêle à frire, le froid du glaçon. Surtout ne pas faire semblant.

Alors l'amour comme immonde alibi.

Mon amour pour elle me fait désormais mal
comme le bruit d'une pierre qui tombe au fonds d'un puits et qui ricoche plusieurs fois sur les parois rugueuses pourtant couvertes de lierres.

La nuit, c'est les yeux fermés que je l'attendais. Le jour, lorsque je me décide à ouvrir les yeux, je la vois et je me déteste de l'avoir trompé à ce point là.

Au dessus de Collserola, plane l'ombre d'un ciel bleu, la cape d'un homme en deuil
qui se demande comment il a pu aimer ainsi, à nouveau, aussi vite, aussi mal.