lundi, juin 13, 2011

Le cœur est un chasseur solitaire

Le cœur est un chasseur solitaire

S’il était un organe, il serait sans doute un cœur qui ne bat pas. Qui ne bat plus. Qui a battu trop vite et qui a flanché avant le grand effort.

S’il était un cœur, il serait un cœur pensant.

Un cœur à l’image d’un chasseur solitaire, à la poursuite de l’espace découpé entre les doigts de la main d’une femme, toujours la même femme.

Un chasseur, donc, qui se lève tôt et qui part armé de cette folle prétention de croire qu’il ne rentrera pas les mains vides. Un matin se succédant à un autre, le chasseur perdant peu à peu de vue ce qui était une cible pour n’être plus qu’une idée se résumant à ça : le cœur est un chasseur solitaire.

Ainsi, il avance fièrement le cœur recroquevillé dans une main qui ne tremble plus.

La chasse, car c’est bien de cela dont il s’agit, dure depuis plus d’un siècle ou du moins c’est ce qu’il me semble quand soudain il m’apparaît de plus en plus évident que la proie a trouvé le chasseur qui lui convenait. Elle répond au nom de Bline et à elle seule, elle réussit jour après jour à travestir l’ordre immuable de la traque. Soudain, c’est lui qui manque à chaque instant de se dévoiler et de se déverser dans le grand concert de l’humanité. Elle a bel et bien un nom mais une existence si difforme que je ne peux la reconstruire que par bribes.

Le cœur dans la main du chasseur se met lentement à palpiter mais il ne s’en rend pas compte et il continue à faire comme si de rien n’était.